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Le monde des marchés peut parfois sembler complexe et intimidant. Mais il est important de comprendre les différentes stratégies qui sont pratiquées pour y travailler avec efficacité. Que ce soit pour lire les publications de marché, comprendre ce qu’il se passe ou tout simplement pour passer à l’action, le jargon des marchés, majoritairement en langue anglaise mérite d’être décrypté.

L’une des stratégies possibles pour les opérateurs est d’être « short » sur un marché. Mais que signifie réellement être « short » et comment cela peut-il vous aider à comprendre le marché ?

Définition du short

Short, traduit littéralement en français, signifie court. Être « à court » de marchandise ou manquer de marchandise se dit être short.

Pour être plus précis le terme « short » signifie « vendre à découvert ». Être « short » sur un marché signifie que vous avez vendu une marchandise ou un actif financier tel un contrat à terme que vous n’avez pas en votre possession avec l’intention de le racheter à un prix plus bas.

Une position short correspond à un risque de hausse des cours sur le marché. L’inverse du short est le long. C’est-à-dire celui qui possède la marchandise et qui est exposé à un risque de baisse des cours sur le marché.

Qui sont les shorts ?

Le commercial ou l’industriel qui « manque » de marchandises et devient « short physique »

Exemple de l’exportateur

L’exportateur qui le 15 février vend un bateau de 25 000 t de blé à un client pour un chargement au 1er avril au prix de 300 €/t et qui n’a pas encore acheté la marchandise pour remplir ce bateau devient SHORT de 25 000 t. Plus le prix du blé diminuera d’ici l’achat des 25 000 t destinées au bateau, plus la marge de l’exportateur sera élevée. Mais à contrario,  plus le prix du blé augmentera d’ici l’achat des 25 000 t destinés au bateau, plus la marge de l’exportateur se réduira au point  de devenir rapidement négative.

Exemple du meunier

Situation identique pour le meunier qui le 15 février vend 3000 t de farine à 500 €/t à livrer chaque semaine à ses clients boulangers sur le 2è trimestre. Si le meunier n’a pas encore acheté le blé nécessaire à la future fabrication de ces 2000 t de farine, il devient SHORT de blé.

Plus le prix du blé diminuera d’ici l’achat destiné à la fabrication de farine, plus la marge du meunier sera élevée. Mais à contrario,  plus le prix du blé augmentera d’ici l’achat destiné à la fabrication de farine, plus la marge de l’exportateur se réduira au point  de devenir rapidement négative.

Dans les deux cas, il s’agit d’une stratégie spéculative au risque de perte illimité.

Le professionnel de la filière qui va couvrir sa marchandise physique non vendue via une position « SHORT » sur le marché  à terme

Exemple de l’agriculteur

L’agriculteur qui prévoit une récolte d’au moins 500 t de blé est exposé au risque de baisse du prix du blé tant que celui-ci n’est pas vendu. Une solution pour annuler ce risque consiste à prendre une position opposée et de même taille sur le marché à terme. Ainsi cet agriculteur pour se couvrir et neutraliser son risque va vendre 10 contrats à terme blé de 50 t et devenir SHORT sur le marché à terme.

En cas de chute des prix du blé, les 500 t non vendues vont perdre de la valeur. Mais dans le même temps les 10 contrats à terme SHORT sur le marché à terme seront rachetés plus bas que leur prix de vente ce qui dégagera une plus-value équivalente à la perte de valeur des 500 t.

En cas de hausse des prix du blé, les 500 t non vendues vont prendre de la valeur. Mais dans le même temps les 10 contrats à terme SHORT sur le marché à terme seront rachetés plus haut que leur prix de vente ce qui engendrera une moins-value équivalente au gain de valeur des 500 t.

En prenant une position SHORT sur le marché à terme, l’agriculteur a « couvert » son risque de voir le prix de sa récolte chuter. Une couverture à la vente sur le marché à terme permet de sécuriser une marge.

Exemple du collecteur

La situation sera identique pour le collecteur qui va acheter 5000 t à des agriculteurs sans avoir de débouché pour le revendre. Il est exposé au risque de baisse du prix du blé tant que celui-ci n’est pas revendu. Pour compenser ce risque, le collecteur va prendre une position opposée et de même taille sur le marché à terme. Ainsi ce collecteur pour se couvrir et neutraliser son risque va vendre 100 contrats à terme blé de 50 t et devenir SHORT sur le marché à terme.

En prenant une position SHORT sur le marché à terme, le collecteur a « couvert » son risque de voir le prix de ses achats réalisés chuter. Une couverture à la vente sur le marché à terme permet de sécuriser une marge.

Dans les deux cas, il s’agit d’une stratégie de couverture dont le risque se limite au décalage possible entre marché physique et marché à terme.

Le financier qui spécule sur la baisse des prix

On a souvent en tête l’image de l’investisseur qui va spéculer sur la hausse des cours d’un actif financier en l’achetant pour le revendre plus tard avec si possible une plus-value. Mais sur certains marchés, dont font partie les marchés à terme, il est possible de faire l’inverse et de spéculer sur la baisse des cours d’un actif financier en le vendant pour le racheter plus tard avec si possible une plus-value.

L’opérateur financier qui pense au 15 février que le prix du blé Euronext va baisser d’ici le mois de mai prochain peut vendre des contrats à terme sur le blé Euronext échéance Mai. Ce financier devient « short » sur le marché à terme. Il a fait une vente à découvert.

Si les prix chutent le contrat à terme sera racheté plus bas que le prix de vente et le financier dégagera une plus-value. A l’inverse si les prix montent le contrat à terme sera racheté plus haut que le prix de vente et le financier perdra de l’argent.

Dans ce cas, il s’agit d’une stratégie spéculative au risque de perte illimité.

En résumé, il y a le « short » et le « short ».

Lorsque la position short est prise face à une position longue physique ou à terme dans le cadre d’une couverture ou d’un arbitrage, le risque est limité.

Mais lorsque le short est total, qu’il soit sur le marché physique ou sur le marché à terme, le risque est illimité à la hausse. C’est une situation extrêmement dangereuse qui peut avoir d’importantes conséquences sur le marché.

Où trouver les shorts et comment interpréter cette information ?

Les relevés de position

Les marchés physiques ne sont pas transparents et les positions des opérateurs n’y sont pas connues. Il est donc difficile voire impossible de savoir qui est short et dans quelles proportions.

A contrario sur les marchés à terme la transparence est très forte notamment sur la position des opérateurs. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la réglementation boursière oblige les intervenants à déclarer leurs positions. Tout cela est publié de manière hebdomadaire sans que cela soit nominatif.

Aux Etats-Unis c’est la CFTC qui publie ce relevé de position chaque vendredi. En France c’est directement Euronext qui publie la position des opérateurs.

Sans rentrer dans le détail, deux grandes familles se distinguent dans les relevés de positions des marchés à terme. Les opérateurs physiques appelés « commerciaux » et les opérateurs financiers appelés « fonds ».

Les commerciaux shorts, une situation classique

Il est compliqué d’interpréter la  position nette des opérateurs commerciaux. Ces derniers intervenant majoritairement dans une logique de couverture, ils détiennent donc une position opposée sur le marché physique.

Si sur un contrat à terme les commerciaux ont une position nette « short » c’est qu’ils détiennent à l’achat ou en stock la marchandise physique.

Lorsqu’ils vendront leur stock, ils rachèteront leur position short.

Les fonds shorts, une situation à surveiller

Lorsque les fonds détiennent une position nette « short », cela veut dire qu’ils ont en majorité vendu des contrats à terme. Il sont donc dans un pari « baissier » sur le marché.

Leur dynamique est à suivre. Ainsi plus leur position short s’accroît plus les fonds  poussent le marché à la baisse.

Le niveau absolu du « short » des fonds est important. Cela s’observe en surveillant la position short par rapport à son propre historique ou par rapport à la position ouverte totale sur le marché. Plus les fonds sont shorts et plus ils devront se « racheter » pour déboucler leur position le jour où leur prendra l’envie de quitter leur « pari » baissier.

Des fonds qui accentuent leur short représentent un élément baissier. Mais à contrario, des fonds très short qui réduisent leur short représentent un élément haussier pour le marché.

La position des fonds fait partie des principaux drivers de marché à surveiller.

Où trouver les shorts et comment interpréter cette information ?

Le short squeeze et le short covering sont deux expressions de marché qui décrivent une situation induite par des positions shorts.

Le short-covering, mouvement haussier initié par les shorts

Lorsque les cours montent sur un contrat à terme, c’est qu’il y a plus d’intérêts acheteur que vendeur.

Dans une hausse « classique »,  les acheteurs sont des nouveaux entrants dans le marché. Cela souligne une réelle conviction haussière. Cela se démontre par une progression conjointe des prix et de la position ouverte sur le marché.

A contrario un mouvement haussier peut être provoqué par les opérateurs « short » qui ferment leurs positions et se rachètent. Cette « couverture de position » short est appelée « short covering ».

La hausse liée à du « short covering » se démontre par une progression des prix et une réduction de la position ouverte sur le marché.

Le short covering est une hausse moins solide que la hausse « classique ». Car une fois que les shorts auront terminé de se « racheter » le mouvement haussier perdra de son carburant.

Voilà pourquoi il est intéressant de savoir si une hausse est liée à du « short covering » ou non.

Le short-squeeze, mouvement haussier éphémère et violent

Être short sur un marché à terme c’est, rappelons le, avoir fait des ventes à découvert. Ventes qu’il faudra racheter et au plus tard avant l’échéance du contrat à défaut de rentrer dans une procédure de livraison. Mais parfois les choses ne se passent pas comme prévu pour les shorts sur un marché à terme.

Si par exemple la marchandise cotée devient extrêmement rare que ce soit par manque de volumes ou par dégradation qualitative, il n’y aura plus personne pour vendre sur le marché. A l’exception des opérateurs capables d’aller en livraison à l’échéance, les shorts auront donc extrêmement de mal à se racheter faute de contrepartie et de liquidité face à eux. Il seront donc obligés de monter de plus en plus leurs offres d’achat quoi qu’il en coûte.

Dans un squeeze, les shorts sont coincés et sont « obligés » d’acheter à n’importe quel prix

Le marché peut ainsi s’envoler sans autre raison. Mais attention, une fois que tous les shorts auront réussi à sortir du marché, le soufflé retombera aussi vite qu’il est monté.

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